mardi 24 mars 2009

Deuxième jour (1ere partie): Le réveil

La douleur tambourine sur mon crane comme un voisin excédé par le bruit. Six heures trente, l'heure de soulever mon enveloppe corporelle pour lui insuffler quelques protéines et autres excitants nécessaires.

Je pivote péniblement la tête, un son de cloche me rappelle ma chute d'hier soir, je regarde ma femme qui ronfle paisiblement.

La cloche sonne à rythme mesuré suivant les battements de mon cœur tel un poisson pilote. Les ronflements de madame saupoudrent ce son lourd d'une poudre de rêve dans laquelle elle se trouve surement. L'odeur a disparu, enfin je crois. J'aimerais la sentir de nouveau. Je le désire si fort que je pourrais presque la sentir encore. Ou le contraire.
De la chambre a coucher je passe au salon, du salon a la cuisine. Foutu mal de crane!

La bouilloire chante en quelques secondes et la mélodie monotone qui s'en dégage me plonge dans mes pensées.
Sans m'en rendre compte je me retrouve de nouveau au salon, assis sur mon canapé. La mélopée de la bouilloire de la cuisine résonne dans ma tête, elle semble me parler. Je ferme les yeux et imagine le Djinn qui pourrait s'en échapper. Je glousse, seul. Enfin je le pensais. Du flou de mes pensées émerge une image familière: Le chat.
Je pousse un petit rire nerveux. La bête me sors un son que j'imagine être un "bonjour". Mes songes me rattrapent.
J'entreprends de faire quelques mouvements du cou pour faire disparaitre la douleur. BONG, mauvaise idée. Un flash désagréable part du haut de ma colonne de vertébré et prend possession de mon crane. Une crampe du muscle sterno-cléido-mastoidien droit me saisi et me force a un mouvement brusque de la nuque sur mon coté gauche.

Un homme se tient assis a coté de moi, je ne l'ai jamais vu. Il me dit une phrase d'une traite que je ne comprends pas, le ton est questionnant. Je m'attrape la nuque de la main droite pour essayer de faire passer la douleur et si possible cette hallucination. Je remets péniblement ma tête droite. Un bref coup d'œil a gauche, l'homme a disparu. Un coup d'œil a droite (on ne sait jamais), rien.
"t'escertainquec'estcequetuveuxvraiment?".
Hein?

Le temps de décomposer chaque mots de cette phrase la bouilloire se rappelle a moi. Le ton est excité, le sifflement un cri. Je cours à la cuisine, la bouilloire est presque vide et des gouttelettes bouillantes forment une flaque sur les plaques vitro-céramique rachetées a ma sœur. L'eau s'est évaporée. Foutue bouilloire.

"T'es certain que c'est ce que tu veux vraiment?"

La voila la question de mon génie hallucinatoire. Dois-je répondre? Mais merde, moi je veux rien à part ne plus avoir mal au crane et de prendre mon petit déjeuner tranquille.
Je fais couler ce qui reste d'eau très chaude dans mon bol, mets mon earl grey en sachet dedans et retourne dans le salon. Un plan de travail presque vide attire mon regard.

Une chaine hifi ridiculeusement petite par rapport au meuble trône devant mes yeux. Tout le reste de mon intérieur semble avoir été pensé pour mettre en évidence ce vide.
Un petit rire nerveux sort malgré moi du fond de ma gorge. Les quelques CD parsemés devant la mini chaine hifi ne font qu'accentuer cette impression de ridicule.

"T'es certain que c'est ce que tu veux vraiment?"
Je réponds "oui" mentalement, non pas pour répondre à la question dont je ne comprends pas la portée ni le sens mais pour qu'elle cesse de m'obséder le temps que je consomme mon réveil.
Le jour se lève sur la ville, la lumière entre par les lattes des volets bleu charrette importés d'une lointaine région et remplie la pièce en une séquence ordonnée et apaisante. Il va faire chaud aujourd'hui, le chat le sent et se pose déjà sur le chauffage éteint pour profiter des premiers rayons de soleil.
J'ai bien envie de prendre ma journée, prétextant d'avance ma chute d'hier soir.
Un nouveau balayage du regard de la pièce me mène à ce plan de travail désert et me rappelle que je suis, encore aujourd'hui, le DJ SANS PLATINES...

lundi 23 mars 2009

Premier jour: Foutue journée!


Je rentre chez moi exténué par cette nouvelle journée de travail. Plaire, persuader pour finalement vendre. Une aventure moderne comme je sais pertinemment qu'il en existe autant qu'il existe de commerciaux dans ce foutu pays.

Le plaisir de mettre deux heures a rentrer chez moi en même temps que tous ces aussi-imbéciles-que-moi qui finissent leur passionnant travail toujours en même temps (foutus imbéciles!). Trouver une place pas trop loin de chez moi...



Je fais du sport mais pas celui qui consisterai à marcher dix minutes de ma place trop loin à chez moi.

Ai-je toujours été comme ça?




Après avoir marché ces dix foutues minutes (j'ai pas trouvé de place près de ma porte d'entrée), j'accède finalement au portail de ce qui me sert de maison. Le cliquetis des clefs me titille l'oreille. Pourquoi? Dans l'allée qui mène à ma porte d'entrée une étrange odeur, très légère, agite en moi des soubresauts de souvenirs. Mais lesquels? Impossible de mettre des images sur ces réminiscences olfactives. Je peux pourtant clairement définir cette odeur: Du polymère qui brule ou eut brulé...

Du plastique cramé quoi!

Je balaye le voisinage du regard, rien, pas de fumé. Pas de fumé, pas de feu, je dois halluciner. Le temps de chercher d'où peut venir cette odeur me voilà devant ma porte d'entrée, le cliquetis des clefs me titille l'oreille. Pourquoi?

Je rentre enfin chez moi, la tension redescend avec la baisse de la luminosité. Une ombre passe, rasant le sol, un son aiguë riche de tremolo plus graves en harmoniques m'accueille comme un bonsoir. Mon attention captée ces quelques secondes retombe rapidement lorsque je m'aperçois que l'odeur d'il y a peu n'est toujours pas passée. Mais plus de souvenirs, juste l'impression désagréable d'être encore sur le chemin qui mène à ma porte. En fait cela me frustre, j'aimerai arriver a retrouver le cheminement mental que j'avais quand cette odeur me rappelait vraiment quelque chose de presque concret.
Mes yeux s'habituent lentement a la pénombre de mon chez moi,
je n'ai pas envie d'allumer tout de suite la lumière, j'ai envie de profiter de cette sensation visuelle de calme pour faire le vide. Mais l'ombre se rappelle a moi en un son plus insistant que le premier:


le chat a faim.

Le cliquetis de la fourchette dans l'écuelle me titille l'oreille, pourquoi?





Ma chère et tendre devrait déjà être là pensais-je. J'hésite sommairement entre le plaisir de profiter encore un peu de ce moment de quiétude et l'agacement d'attendre la venue de ma moitié qui brisera définitivement cette sensation de torpeur dans laquelle je me trouve depuis que j'ai arrêté le moteur de la voiture. Foutue odeur de PVC! Je m'aperçois qu'elle me sort de mes pensées a intervalle régulier maintenant. Obsédante odeur, si légère que c'est a se demander si ce ne sont pas les prémices d'une quelconque maladie cérébrale dégénérative grave (tant qu'a faire). Je me concentre, la réalité autour de moi se plonge dans un brouillard.

Cette odeur.

La porte d'entrée s'ouvre d'un coup et tape le porte manteau monté sur mur, le chat a peur, pousse un miaulement apeuré, renverse son écuelle, me sort trop brusquement de mes songes, me fait basculer en arrière et ma tête heurte le plan de travail. La douleur est foudroyante mais de cette éclair de douleur surgit tout a coup des centaines, des milliers d'images. Un tas de disques vinyles crépitants au fond de mon jardin se consument et se mêlent dans un grand tout. Des bruits, des odeurs... Une odeur de polychlorure de vinyle qui m'emplit le nasaux et me donne la nausée. Car elle est cette fois ci forte et présente, tout comme la fumée noire de laquelle semble sortir des flots d'injures dont la plupart a caractère sexuelles imposent un ton de frustration certain.
Le visage d'un ange apparait: "Ça va?". Ce visage, ma femme, le chat, cette foutue odeur...

Je suis... je suis... je suis LE DJ SANS PLATINES.